Ils disaient : « ce n’est que du sable ». Mais dans ce sable, on a planté des ports, des trains, des écoles, des rêves. Et de ce silence, on a sorti un bruit sourd : celui des moteurs, des marteaux, des serveurs. Made in Moro n’est pas une simple chanson : c’est une déclaration d’existence.
Quand je suis revenu des réseaux…
Je m’étais éloigné des réseaux sociaux. Trop de bruit, trop de colère, trop de fils Twitter où tout le monde se bat pour avoir raison. Comme si on vivait dans une arène virtuelle, chacun criant plus fort que l’autre.
Quand je suis revenu, le Maroc numérique ressemblait à un disque dur corrompu. Divisé en clans, éclaté en morceaux :
- un clan qui parle de normalisation et de géopolitique,
- un clan qui glorifie les réalisations du Royaume,
- un clan qui brandit l’identité amazighe,
- un clan obsédé par l’Algérie,
- et des centaines de sous-clans qui trollent tout ce qui bouge.
Ça m’a rappelé l’histoire des Hommes de la Kahf : ils s’endorment pendant des siècles, et à leur réveil, ils découvrent une société fragmentée, méconnaissable. Exactement ça.
Mais au lieu de choisir un camp, j’ai préféré écrire. Transformer ce chaos digital en musique.
Comment une chanson est née du chaos
Parmi toutes ces batailles numériques, il y avait un courant qui me frappait : ceux qui choisissaient de parler des réalisations du Maroc. Pas pour dire que tout est parfait, mais pour rappeler que pendant que les gens tweetent, d’autres bossent vraiment.
C’est là qu’est née Made in Moro.
Chaque couplet est une photographie de ce progrès silencieux :
- “Big ships docking, lights so bright” → Tanger Med, le port qui est devenu un hub africain et méditerranéen.
- “Fast trains glide on mirrored rails” → Al Boraq, la fierté TGV du sud global.
- “Solar dreams and future farms” → Noor Ouarzazate, des champs solaires au milieu du désert.
- “Tech schools training the next ones” → nos écoles d’ingénieurs et de formation qui forment les générations futures.
C’est une écriture simple, directe, presque journalistique. Mais mise en musique, ça devient une claque : un rappel que le Maroc avance, souvent en silence.
Made in Moro – Ce que je voulais dire vraiment
Soyons clairs : Made in Moro n’est pas un chant triomphaliste. Ce n’est pas “on est les meilleurs”. C’est plutôt un message discret : “arrêtez de nous regarder comme si on n’avait rien, vous allez être surpris.”
Quand je chante :
“No gold mine, no big game, just working minds and burning flame”,
c’est une ligne de code patriotique.
Nous n’avons pas de pétrole infini, pas de mines d’or à tous les coins de rue. Mais nous avons des cerveaux, des bras, et une patience redoutable. Nous construisons couche après couche, ligne de code après ligne de code, béton après béton.
C’est ça l’esprit marocain. C’est ça l’esprit geek aussi : réussir à coder un jeu triple-A sur un vieux Commodore 64. Transformer peu de ressources en systèmes puissants.
L’impact attendu – Pas d’applaudissements, juste du respect
Au Maroc, certains entendront Made in Moro comme un hymne aux ouvriers, aux ingénieurs, aux rêveurs. D’autres diront que ça enjolive trop, que la pauvreté existe toujours. Et ils auront raison aussi.
Mais le but de cette chanson n’est pas de peindre un Maroc parfait. C’est de rééquilibrer la narration.
De dire : oui, on a des défis, mais on construit aussi.
De répondre aux tweets cyniques par une rime optimiste.
On ne cherche pas des applaudissements. On cherche du respect.
Conclusion – La lenteur des fondations
Le refrain dit :
“We rise slow, but when we go — we leave our name in every glow.”
C’est exactement ça. Le Maroc n’est pas une startup qui veut exploser en six mois et disparaître. C’est une civilisation qui construit couche après couche, fondation après fondation.
Et un jour, quand les sceptiques regarderont en arrière, ils verront que tout ça portait déjà un nom : Made in Moro.